How to kill time

The ghost writer

Après beaucoup de tapage médiatique concernant ses affaires judiciaires diverses, l'on en était presque venu à oublier que Roman Polanski faisait aussi des films. ayant remporté l'Ours d'Argent à la dernière Berlinale - pour raisons politiques ? - son dernier film attira l'attention de votre cher et dévoué qui se fait un plaisir de reprendre son clavier afin de tailler le bout de gras avec vous.


Une affiche qui n'est pas sans faire penser au Big Brother de Wells...


THE GHOST WRITER



Je tiens à préciser que, bien que voulant éviter à tout prix de vous pourrir l'historie en dévoilant certaines partie du scénario, il se peut que, d'aventure, je m'égare et laisse échapper quelque information. Je vous en demande par avance pardon.

Ce film traite d'un jeune homme, anonyme, littéralement, puisque jamais, au grand jamais l'on ne connaîtra son nom, qui se trouve être "nègre", entendez par là écrivain professionnel au service d'une personne voulant publier. L'interprétation quasi transparente du personnage, de ce "ghost writer" est délicatement portée par Ewan McGregor qui campe un personnage aussi diaphane que possible, effacé mais qui, en prenant son sujet à bras le corps, en devenant, d'une certaine manière, la personne dont il écrit la biographie, se transformera peu à peu devant nous. Sans aller à l'éclosion totale de la chrysalide, nous le verrons muer et s'affirmer, doucement.
"La personne dont il écrit les mémoires ?" me demanderez-vous. Oui, ce valeureux personnage se voit en effet chargé d'écrire l'autobiographie du Premier Ministre britannique Adam Lang après la mort du précédent écrivaillon.

Suicide ? Accident ? Le milieu dans lequel on évolue nous pousse bien évidemment à supposer, dès le début, qu'il y a anguille sous roche. C'est ainsi que l'écrivain va, peu à peu, découvrir ce qui se trame ou, plutôt, va entr'apercevoir une partie de tout ce qui est caché, non dit.


L'écrivain qui se transforme peu à peu en conseiller politique, ou le jeu de la manipulation



Il faut le dire tout de suite, le film, riche en rebondissements, surprenants sans non exagérés, ne lève pas totalement le voile sur les mystères principaux. Si l'on découvre une partie des secrets, l'on sent que le vernis est à peine éraflé et que beaucoup reste dissimulé. Cependant, loin de nous frustrer, cela, bien au contraire, résonne comme un pamphlet à l'égard d'une certaine politique extérieure. Je n'en dis pas plus, vous verrez bien le film...

Le film a l'extrême avantage d'être très bien joué, porté par des acteurs sonnant juste. Jamais dans le cabotinage, jamais dans le jeu morne et plat. au contraire, ils en viennent à s'effacer devant leurs personnages, ce qui n'est pas une mince affaire en ce qui peut concerner le héros. Pierce Brosnan est d'ailleurs méconnaissable, loin des derneirs James Bond très lisses qu'il avait interprétés, campant ici un homme de pouvoir, forcément seul, politicien cabot et passablement influençable... Sans compter Olivia Williams, interprétant une épouse à fleur de peau en compétition avec la maîtresse de son mari - et assistante - jouée par Kim Cattrall, femme dont la sévérité et la rigidité cachent une bien grande meurtrissure.

La mise en scène, lente, sans effet de manche particulier permet d'instaurer un climat de doute permanent, de suspicion, dégageant ainsi une atmosphère très parnaoïaque terriblement captivante, renforcée par le dénuement poussé des décors. Tout semble lisse, plat. Ce n'est, finalement, qu'au bout d'une longue route, d'une traversée, que la complexité apparaît peu à peu, au beau milieu d'une épaisse forêt...





Serait-ce ce face-à-face ?


Le scénario est si bien ficelé que l'on se laisse bercer par le courant des pistes que suit notre écrivain, investigateur en herbe, pour, finalement, tomber de haut en se disant "bon sang mais c'est bien sûr" lors des 10 dernières minutes.

Deux défauts cependant : trop de pub, de marques apparentes. Fort heureusement, on finit par les oublier. Et surtout, plus gênant, mais heureusement non rédhibitoire, le tout est filmé de manière très - trop ? - sage par un Polanski académique. Plus de fantaisie aurait été ridicule, mais l'on regrette parfois cette froideur - certes en parfaite adéquation avec le traitement du sujet - mais un rien impersonnelle.

Ainsi, The Ghost Writer est un film qui, en plus d'être un excellent thriller, a des airs de critique déguisée qui, comme certains masques, tombe à la fin film du pour dévoiler sa véritable cible. Une oeuvre cinématographique à ne surtout pas manquer tant sa puissance est grande. (ah, les justifications de la torture par ledit Adam Lang est tellement innommable mais tellement irréfutable que l'on en tremble encore...)
Un conseil, ne vous laissez pas embobiner...



The Ghost Writer
de : Roman Polanski
Avec : Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall, Olivia Williams
Durée : 2h08
Année de production : 2008


26/03/2010
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