How to kill time

Scre4m

Près de 15 ans après la sortie du film qui a - soyons honnêtes - révolutionné le genre du Teen Slasher (aussi appelé "méthode contre-Dolto") Wes Craven nous livre la suite et apparemment la fin, mais sait-on jamais, des (més)aventures de Sidney Prescott.

 

 

SCRE4M

 

 

Ghostface is back...

 

 

 

 

Inutile de présenter Scream, film d'horreur critique et ultra-référencé sorti en 1996 dans lequel nous suivions Sidney Prescott (interpétée par la très charmante Neve Campbell) éviter de se faire trucider par un maniaque à couteau. Parodiant les clichés inhérents au film d'horreur à tueur masqué, Wes Craven avait emmené son trio de choc, notre héroïne précédemment citée avec ses deux "amis" Gale Weathers et Dwight "Dewey" Riley, se faire malmener par des tueurs tous plsu barrés les uns que les autres, tous plus sordidement humains dans leurs désirs que les précédents.

Scre4m ne fait pas exception à la règle.

Après avoir semblé tirer un trait sur son passé, avoir enfin exorcisé ses démons intérieurs - qui, souvenons-nous, la rongeaient dans le 3e opus - Sidney Prescott retourne à Woodsboro, ville du premier épisode, pour une séance de dédicace de son autobiographie, qui coincide précisément avec le 10e anniversaire du massacre cité. C'était sans compter un mauvais plaisantin qui s'est mis, bille en tête, de faire un remake de la première série de meurtres...

 

Dès l'introduction, géniale, le ton est donné. Se mettant systématiquement en abyme, le film ne cesse de s'interroger sur le film de genre dont il fait lui-même partie, sachant tirer parti avec humour de la révolution (ou de ladite révolution) 2.0 qui s'est opéré entre la fin de la précédente trilogie et ce film-ci. Dézinguant avec un humour féroce et une méchanceté mordante la foison de films horrifico-gores et les (mauvais) remakes des films d'horreur de notre passé, Scre4m pourrait passer pour un pamphlet aigri d'un maître de l'horreur en déclin - comme ont pu en témoigner nombre des dernières productions du sieur Craven...

 

 

 

LOOK BEHIND YOU !!

 

 

Déjà amorcée dans l'excellent (oui, j'assume parfaitement mes goûts) Freddy sort de la Nuit, toute la poïétique du cinéma actuel se poursuit. Qu'est-ce qu'un film d'horreur aujourd'hui ? comment le fait-on ? Quelle est la relation entre l'oeuvre et l'artiste ? (ne donnons pas trop dans le pléonasme, cela risquerait d'en devenir écoeurant)

Avec comme arrière-plan la série des Stab - adaptations in opere des événements de chaque Scream (vous suivez ?) - et la place prise par les réseaux sociaux dans notre propre société, Scre4m pose un regard pour le moins désabusé sur la société actuelle. Les productions d'épouvante ne sont plus que de mauvais remakes ("Nothing beats the original," sortira Sidney avec des étincelles dans le regard) ou de sombres tableaux gores - attaque directe aux innombrables Saw, films ayant permis aux charcutiers de rajeunir leur clientèle. Quant au public, son seul intérêt est d'être vu, de faire du "méta" - "What ??" grognera à cet égard Dewey - parce que, vraiment, quel intérêt "d'aller à la fac et puis après, quoi, travailler ?"

Il est tellement plus simple de se faire voir, quel que soit le moyen - "No, really, it would have more impact on Twitter" (citation approximative) - même passer par un blog en temps réel comme les deux geeks de service - Randy ayant péri dans le numéro 2.

 

Alors, outre la critique plus virulente d'un manque de création artistique et d'une vacuité en termes d'ambition de la jeune génération adolescente, que vaut le film ? Il est vrai que, vu comme cela, on se demanderait presque si Wes Craven sait encore faire peur...

 

 

 

 

Une scène que vous ne verrez pas à l'écran

 

 

Déjà, on retiendra du sang. Beaucoup de sang. Les remakes ayant plus de moyens que les films qu'ils copient, il faut voir l'hémoglobine gicler à gros bouillons carmins dès le premier coup de couteau. Et comme l'on assiste au remake d'un film mis en abyme inspiré d'événements virtuellement réels... Il faut que ça coule. L'image semble légèrement usée, ayant du grain, donnant une touche de réalisme supplémentaire au film, le dissociant d'ailleurs totalement des précédents.

Ensuite, force est de constater que Wes Craven n'a rien perdu de sa force de surprise. Certes, l'on est confronté aux poncifs des films d'horreur "musique stridente et stressante" aux moments les plus opportuns pour... comme toujours dans Scream, pour ne mener à rien. Casser les clichés et les stéréotypes pour mieux surprendre, le réalisateur poursuit dans la même optique qu'il avait entreprise dès 1996.

Enfin, histoire, tout de même, de dédramatiser une situation déjà bien angoissante (la fameuse "3e partie" étant particulièrement bien menée de ce point de vue) l'humour est omniprésent, tendant furieusement vers un cynisme assuré. Tout est sujet à dérision. Et à la surprise, aussi. Inutile de dire que certaines victimes vont en surprendre plus d'un, que le dénouement en scotchera certains à leurs fauteuils (encore que, là, on puisse plus facilement l'envisager, m'est avis, que dans les précédents) et que les gros plans pas franchement avantageux pour les "vieux de vieille" remette tout le film dans un contexte clairement affiché : "New decade, new rules."

Les anciens des années 1990 sont des has been. Place au renouveau.

Bienvenu dans une vie où l'écran remplace la réalité. (excellente scène, du reste)

 

Il y avait longtemps qu'un film d'horreur n'avait été aussi flippant - stressant - et aussi profond. Peut-être depuis The Thing (oui, ce dernier n'est pas qu'une histoire de sombre bestiole un rien dégueulasse). Finalement, Wes Craven nous montre, contrairement à nombre de certains de ses collègues, que le cinéma peut intelligemment apprendre de la "révolution informatique" sans pour autant la copier. Et ça change.

Enfin.

 

 

 

 

Scre4m

De : Wes Craven

Avec : Neve Campbell, David Arquette, Courtney Cox Arquette...

Durée : 1h50

Année de production : 2011



14/04/2011
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