How to kill time

Lesbian Vampire Killers

Tout a commencé par une bière de trop, et c'est ainsi que, visiblement dans un univers décalé, je me suis mis à visionner un film dont le nom même annonce un chef-d'oeuvre :

LESBIAN VAMPIRE KILLERS


Le sentiment d'être face à un film d'auteur se fait sentir même sur l'affiche


Ecrit et interprété par les deux humoristes anglais Horne & Corden dont l'humour est parfois... particulier (mais aussi efficace, bien totalement différent des inénarrables "bits of Fry and Laurie"...) ce film est ce que l'on qualifie de "all in the title". C'est-à-dire, pour les quelques rares lecteurs dont les notions d'anglais sont aussi lointaines que l'est la mort de Carmilla (cf film), que le film reprend simplement l'idée générale du titre.
A savoir : des vampires. Lesbiennes. Et des gens qui les tuent.

"Et c'est tout ?" entends-je déjà crier dans l'arrière-salle. Oui, rien de plus, rien de moins. Ce film nous offre ainsi 1h26 de jolies nymphes buveuses de sang mourrant dans des gerbes de sang blanchâtre nous rappelant joyeusement ce que les zombies d'Evil Dead crachouillaient en agonisant.

Pourquoi ce film est-il classé dans cette catégorie "Wickedelic", étant donné qu'il n'a, pour ainsi dire, aucun scénario - ou du moins un scénario pouvant tenir sur un grain de riz sec - et qu'il est, véritablement, nul ? C'est bien simple, à l'instar des premiers films de Peter Jackson (si, si souvenez-vous, Braindead, Bad taste...) celui-ci est un nanar assumé. A savoir qu'il se veut foutraque, stupide, mais pourtant drôle - surtout si on le voit entre amis.
Sans atteindre non plus l'humour décalé d'un Shaun of the Dead auquel on pourrait immédiatement penser, ce film parodie de manière assez fine, tout de même, tous les mauvais films d'horreur dans lesquels les méchants étaient très méchants, et les victimes, toutes de jeunes femmes entre 16 et 19 ans. Cela permet ainsi de visualiser l'intégrale de la Hammer en moins d'une heure trente sans s'ennuyer et en se musclant les zygomatiques.



Il faut bien justifier le titre, parfois, et puis les hordes de beaufs n'attendent que ça...



Dès les 5 premières minutes, le ton est donné. Parodiant l'ouverture du très mauvais Dracula de Coppola, la prophétie qui sous-tendra le film est révélée, dramatiquement kitsch, flamboyante, nous relatant les faits passés, la mise à mort de l'innommable vampirette des temps anciens par une épée forgée selon un certain rite ancestral babylonien et trempée dans le sang du baron vampiricide...
Comme nous le voyons, il s'agit d'un programme alléchant nous rappelant un certains nombre de navets du genre (Van Helsing en tête...). Sauf qu'ici, rien n'est pris au sérieux, le second degré - sinon le millième - prime. Ni le héros loser, ni sont meilleur ami apparemment bon à rien qui se trouve être finalement plutôt pragmatique, ni les jeunes étudiantes en mythes anciens ni même - et là est le meilleur - le prêtre du village, parfait Paul McGann qui se trouve à des lieues de sa 8e incarnation du Docteur, ne semblent hors de propos dans ce film. Tout est grossi, tout est faux, tout est farfelu, et pourtant, tout fonctionne. D'ailleurs, ce film vous permettra de trouver la meilleure manière de rompre avec votre petite amie rapidement et lestement. Je n'en dis pas plus.
On pourrait ainsi résumer le film : scénario bête et méchant, de l'humour potache mais non scabreux (au contraire des Scary Movies), mais surtout une énorme auto-dérision et, plus encore, une mise en scène s'inspirant de la bande-dessinée, manière de rappeler le caractère puéril de ce film. Les onomatopées fusent dans l'air autour des personnages, rythmant une histoire déjà assez déjantée. Les couleurs volontiers fluo, vives, rares pour ce qui ressemble de loin (et dans le brouillard, la nuit) à un film d'horreur renforce ce côté gentiment suranné et totalement à côté de la plaque que l'on déguste tout au long de ce divertissement.
D'ailleurs, tout est fait pour faire passer ce film pour une série Z assumée, du générique de début à l'attirail digne de Rambo du seul clerc du village, en passant par le nombre de jolis clichés parsemés dans le film, à savoir les "autochtones" méfiants, la maison isolée, et surtout la malédiction millénaire...
Les acteurs semblent s'être amusés, et cette bonne humeur est communicative. Une mention spéciale est à (re)faire à l'ex Doctor Who qui se cabotine comme un beau diable en vicaire déchiré entre sauver le monde à lui seul et protéger (vainement !) sa fille de la malédiction.


- I'm The Vicar, I'm not from Gallifrey but I'm gonna exorcise you !!


Tout cela en fait non un chef-d'oeuvre - loin s'en faut - mais un film que l'on pourrait qualifier d'ultra-bonnard (en se tapant les côtes) et qui, malgré les mauvaises critiques qu'il eut au Royaume-Uni, et malgré le fait qu'il ne soit (hélas) pas sorti au cinéma en France, reste un "one to see", ne serait-ce que pour le principe même qui le meut.


Lesbian Vampire Killers
De : Phil Claydon
Avec : Paul McGann, James Corden, Mathew Horne 
Durée : 1h26
Année de production : 2008


07/03/2010
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