How to kill time

Carlos

Cédant à la mode des « biopics » ou biographies cinématographiques pour les puristes, Assayas s’attaque donc à retranscrire l’histoire d’un tristement célèbre terroriste (comme tous les terroristes, me dira-t-on…).

 

 

CARLOS

 

Une affiche qui raconte presque tout...

 

 

 

Résumant en un film de 2h45 les quelques 5h de la série télévisée qu’il avait réalisée, Olivier Assayas plante le portrait d’un homme – autoproclamé idéaliste – qui met sa force au service de la terreur – pour le triomphe de ses idées et surtout pour une rémunération, quelle qu’elle soit.

Peu au courant des faits d’armes de Carlos, j’avoue mon ignorance, malgré le fait d’en avoir beaucoup entendu parler dans ma jeunesse, le nom n’évoquait pour moi qu’un terroriste d’une autre époque passée. Fort intéressé par cette histoire récente, c’est donc curieux et avide d’enseignement (j’exagère à peine) que j’entrais dans les salles obscures.

Ainsi donc, Illitch Ramírez Sánchez, activiste d’extrême gauche, nous apparaît tout d’abord comme un idéologue convaincu de passer à l’action (directe… pardon du très mauvais jeu de mots) pour pouvoir combattre le capitalisme. Afin d’aller au bout de ses engagement,s il s’engage tout d’abord auprès des groupuscules au Moyen-Orient…

 

Le film montre ainsi bien, dans sa première moitié, toute la progression du personnage, partant d’un idéaliste convaincu – ou du moins représenté comme tel – à un personnage plus intéressé à son image de grand bandit et à ses récompenses qu’à ses idéaux premiers. Pour tout dire, après le visionnage, la première chose venant à l’esprit fut « mais y croyait-il vraiment, au départ ? » C’est le regret majeur que l’on peut faire au film : l’on ne voit pas assez distinctement l’évolution du personnage au cours de sa vie. N’ayant pas vu la série – mais ayant envie de la voir au plus vite afin de connaître TOUT ce que le film n’a pas montré, et cela fait beaucoup – je ne m’appuie que sur ces 2h45. Et je ne peux qu’avouer que j’aurais préféré en savoir plus sur son parcours en tant qu’activiste que sur ses aventures passagères à droite et à gauche… C’est malheureusement le point à déplorer car l’on n’apprend de lui que l’enlèvement des ministres de L’OPEP. Certes, me dira-t-on, cela fait partie de l’Histoire. Hélas, icelle n’est pas enseignée car trop récente et appartenant à une génération trop jeune pour avoir vécu les faits – ou pour m’en souvenir – il est aisé de dire que l’on n’est pas au fait. Il reste la lecture de biographies – mais j’abhorre les biographies et, de plus, le film se veut biographique, donc…

 

 

 

 

La prise d'otage de l'OPEP se transforme en fiasco

 

 

 

En revanche, les personnages semblent bien cernés et ont chacun leurs traits psychologiques non seulement représentés intelligemment à l’écran – sans lourdeur excessive, sans que le réalisateur ne s’appesantisse sur des traits particuliers – mais aussi excessivement bien incarnés. Bien évidemment, Edgar Ramirez remporte (presque) tout le mérite en incarnant un Carlos tantôt au mieux de sa forme, tantôt bedonnant, amoureux des armes à feu comme il l’est des femmes. Cet amour éclaire d’ailleurs une facette intéressante du personnage. Ce qui l’excite, ce sont les armes. Il pourra toujours se dire démocrate, cet aspect phallique se retrouvera au moment où il devra s’affirmer comme chef et refuser le choix – pourtant unanime – de ses compagnons d’armes.

 

L’on nous montre bien comment il a été à la fois manipulé et manipulateur, comment ce personnage violent a été mis au ban des services syriens, quoique la transition soit trop abrupte, trop rapide, et très – trop – peu explicative. L’énergie gagnée par les transitions rapides – rythmant très agréablement le film – a pour contrepartie de laisser tomber un peu la trame narrative.

 

 

Les débuts du terroriste

 

 

 

Au final, un film intéressant, mais hélas incomplet qui aurait mérité un traitement moins long de certaines digressions mettant sous silence toutes les actions de Carlos après 1975 – soit beaucoup. A voir, donc, avec ce petit bémol qui l’empêche d’être aussi bon que les autres film d’Assayas, car moins instructif que prévu.

 

 

 

Carlos

De : Olivier Assayas

Avec : Édgar Ramírez, Alexander Scheer, Nora Von Waldstätten

Durée : 2h47

Année de production : 2010



22/07/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour