How to kill time

Avatar

Je ne pouvais décemment continuer ce blob-blab-blurb-blourbinounet sans parler du film-événement-waaa-kikooo-lol-kyaaaaaaa de ces derniers mois : Avatar, de James Cameron.

Pallions ce petit défaut.

Roulements de tambours, trompettes...

Dans l'espace, personne ne vous entendra ronfler...

AVATAR


Bien évidemment, je pense ne pas éviter la critique que l'on a vue et revue, stipulant que le film est "waaa, trop beau" mais que "bon, ok, le scénario est un peu faible."
Et je pense juste.

Le film est donc splendide, et la superbe 3D permet de profiter au maximum de cet univers somme toute chatoyant et, j'ai trouvé, accueillant. (j'aime les arbres) Les images de synthèse photoréalistes renforcent cette faciltié à se laisser emporter par l'univers, ce qui est un des points forts du début du film. Aussi bien les animaux exotiques que la forêt touffue détaillée à l'extrême que les peau des personnages perfectionnées jusqu'au grain près - pas de comédon, en revanche, nous sommes à Hollywood - tout cela renforce le caractère "réel" du film qui, ainsi, nous captive beaucoup mieux. Les premières images de la navette en orbite ne sont pas sans rappeler - en ce qui me concerne - 2001 par la précision non seulement de sa construction mais - et ce qui est rare en science-fiction - par l'absence de gravité au sein même de la navette. Mais ce sont là des détails. La base de la compagnie a des faux airs de cette colonie humaine décimée dans Aliens, du même Cameron, l'on ne s'en étonnera pas.

Tout commence donc comme un merveilleux conte de fées et l'on se dit que l'on va profiter pleinement du film et repartir tout guilleret, tout content, tout souriant.

Mais tout se gâte un peu plus tard.
Passons les premiers contacts avec les personnages, un rien habituelles, un peu éculées, certes, mais avoir un héros sans famille aide la narration. Passons encore sur les légères frictions initiales entre les scientifiques ("PhD" mes amis !) et notre valeureux héros, d'autant que celles-ci se résument à presque exclusivement une seule et courte scène.
Bref, on se dit "introduction rapide et classique, mais il faut entrer dans el vif du sujet". Et de fait, l'on y entre.
Mais tout part en sucette par la suite.

De très bonnes idées initiales se trouvent finalement débarrassées de tout l'intérêt qu'elles pouvaient avoir. Ainsi, le principe des avatars qui aurait pu être exploré de manière plus psychologique, mettant en exergue la dualité acquise des personnes y recourant, en jouant d'une certaine schizophrénie qui aurait pu être la leur. De même, le handicap du héros aurait mérité une étude plus approfondie que les 5 minutes de "je cours, je cours, j'ai des petits petons".

Un film planant


De fait, l'on aurait aimé une percée un rien plus poussée dans les caractères des personnages. Malheureusement, le film suit - et ce de manière très décevante - la trame habituelle des blockbusters du genre, à savoir les 7 points sacrés :

- Héros sombre, pensant œuvrer pour une grande cause et acceptant une mission d'infiltration ;
- Petit voyage initiatique au sein de la population infiltrée et ouverture d'esprit du héros qui se trouve être moins con qu'on l'imaginait de prime abord ;
- Révélation de l'identité originelle du héros vue comme une trahison par ses nouveaux copains ;
- Rédemption et rébellion du héros pour une cause plus juste et plus noble, avec mort de l'adjuvant principal ;
- Grosse bataille de la mort qui tue la vie fatalement ;
- Duel entre le gentil et le méchant, suivie de l'agonie du héros finalement sauvé in extremis ;
- Happy ending, "everybody's happy now, the bad thing's gone away" (Eurythmics).

Bizarrement, on s'attend, un peu avant d'aborder le 3e point, que peut-être (mais alors vraiment peut-être hypothétiquement à probabilité réduite) l'on va échapper aux points suivants et avoir autre chose. Las ! Rien n'est fait !


Voilà ce que donnent des croisements entre les schtroumpfs et les chats


Le voyage initiatique du gentil Jake Sully (c'est le nom du héros, au cas où vous ne l'auriez guère compris) suit forcément tous les clichés du genre avec "j'échoue-mais-je-m'obstine-et-je-drague-la-belle-damoiselle-en-rendant-les-autres-jaloux-car-ils-sont-trop-trop-intolérants-et-je-leur-montre-que-je-suis-le-meilleur" qui est lassant. Fort heureusement, on se régale des images dépaysantes. Mais ce n'est pas assez.
De surcroît, les grands méchants de l'histoire, à savoir la petite fouine et le gros bras que nous appellerons pour des raison techniques "Badass Motherfucker" sont de vraies têtes à claques. Jamais nos héros ne savent leur tenir tête en leur répondant du tac au tac.
Exemple : 

Petite fouine : "Who cares about their tree ? They have hundreds of them ! They only have to get to another one !"

Voyez-vous Sigourney Weaver - oui LA belle Sigourney Weaver - lui lancer un "How 'bout we blow up yer fucking house ye filthy sod, what would ye say, ye cunt ?" ? Que nenni, les voilà souffle coupé, et nous aussi, sur notre siège, écrasés de frustration. A quand des héros vifs d'esprit ? Mais non, tout repose sur le rapport de domination extrême des méchants sur les gentils. Et là, ça commence à être lourd.

Sans parler de la scène de bataille finale avec une grande crainte anxiogène de voir nos schtroumpfs de 3m se faire décimer, là encore ressort récurrent.
Mettons en scène :
"Oh, les marines ont des hélicoptères avec des hélices... Nous aussi, on peut voler. On fait quoi ?"
"On leur fonce dedans !"
"Mais on n'aurait pas pu balancer des caillasses dans leurs hélices, en venant de haut ?"
"Ah, heuuu... Nan, on gagnerait trop vite, faut en faire mourir quelques-uns pour le côté dramatique."

Les hélicoptères ont aussi permis de participer aux travaux d'élagage de la forêt



Grah ! I'm the badass motherfucker. Fear me !



On pourrait cependant tenter de dire "oui, mais Cameron nous donne une critique métaphorique de la politique extérieure américaine aussi bien récente que passée : nous ne cherchons pas à comprendre les cultures auxquelles nous sont confrontées, nous nous intéressons uniquement à nos profits, et tant pis pour ceux qui se trouvent entre eux et nos obus de 10."

C'est un point intéressant et il est vrai que cela semble être le cas, ce qui sauve d'ailleurs le film. Un pamphlet, donc, mais tellement lourd qu'il en deviendrait presque indigeste. Cela étant, il est rare d'avoir une grosse production soutenant un tel discours, mêlé d'écologie et d'ouverture à d'autres cultures qu'il faut tout même admirer l'effort qui est fait.
Dommage que le tout soit noyé dans une nuée infâme de clichés tous plus éculés les uns que les autres et dans des stéréotypes pré-calculés, car les idées originales ainsi que les efforts réalisés pour créer l'atmosphère graphique du film valaient, et méritaient, nettement mieux que cette soupe in fine indigeste.


A vouloir être trop grand public, la charge critique qui aurait pu être présente se dilue dans une épaisse boue informe. Ce qui est regrettable. Avatar aurait pu être une bombe - du fait de son univers original, de sa beauté graphique, des bonnes idées, de la magnificence de certaines scènes - mais il ne fait finalement que l'effet d'un pétard mouillé, tant il est plombé par un scénario risible, des personnages au caractère digne des plus mauvaises séries B et de quelques scènes d'un ridicule criant. (pensez au duel final ou au Deus Ex Machina de la grande bataille...)



Avatar
de : James Cameron
Avec : Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver
Durée : 2h41
Année de production : 2009


22/03/2010
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